LES ÉVÉNEMENTS

On ne peut pas parler «d’intelligence artificielle» en événementiel aujourd’hui

A l’heure où nos sociétés parlent data et IA (Intelligence Artificielle), le secteur événementiel n’a pas encore effectué sa mue. Explications.

Ces mots fleurissent dans les briefs et sont venus s’ajouter à ceux de « digital », « virtuel » et « innovation », présents déjà depuis quelques années, dès lors que les nouvelles technologies ont commencé à pointer le bout de leur nez sur le marché et que les réseaux sociaux se sont fait entendre. Mais réellement, peut-on parler d’IA dans notre secteur alors que les seuls capables de développer de l’Intelligence Artificielle sont les GAFAM et les Chinois ?

 

Il semble qu’aucun acteur de l’événementiel aujourd’hui au niveau mondial n’ait assez de data pour imaginer des algorithmes ou des systèmes prédictifs. On parlera alors plus de nouvelles technologies (NT) dans nos métiers.

 

 

 

Le rôle d’un événement est-il de capter de la data ?

 

Ces évolutions et particulièrement cette « course folle à la data », posent une seconde question : l’événement, par ce qu’il donne à vivre à des populations variées, permet effectivement d’envisager récolter un certain nombre de données qualifiées. Mais est-ce bien son rôle ? Ne prend-on pas le risque à vouloir le digitaliser, le numériser, le « dataiser », justement de « l’artificialiser » au point d’en perdre son sens premier ?

 

Le rassemblement humain pour la création d’une vibration à l’unisson.

 

Les agences intègrent l’innovation dans leur reco, la font entrer au cœur de leur entreprise, au point d’aller jusqu’à la croissance externe pour certaines, pour répondre à une demande accrue de clients de sensationnel et de nouveauté. Mais à l’heure de la quête du sens, prenons garde à ne pas faire de l’innovation pour l’innovation, du digital pour de l’impressionnant, au détriment du contenu.

Moins de paillettes, plus de réflexion, c’est bien l’intérêt de la période actuelle, alors tachons de tirer notre épingle de ce que les NT peuvent nous offrir et de les utiliser à bon escient, car elles ont réellement permis de belles évolutions à notre métier, reconnaissons-le :

 

1- La gestion des événements (invitations, inscriptions, transports, catering, enquête de satisfaction…) : on gère aujourd’hui des bases de données complexes à plusieurs entrées avec des critères de populations variées, des provenances, des demandes et des services hyper personnalisés. Génial ! Rendant possible une gestion de l’humain au cas par cas pour des groupes dépassant les milliers de personnes. Et moins de risque de maux de tête que des dizaines de fichiers Excel à gérer, cleaner, fusionner…

Ces event management softwares nous permettent aujourd’hui de gérer des populations de façon plus fluide, offrant un service quasi personnalisé et l’avantage de changements de dernières minutes ! Flexibilité, un des maîtres mots du métier. On imagine que l’apogée de ces outils en plein essor sera le jour ou l’IA parviendra à permettre à un organisateur de proposer, en fonction des pratiques de ses invités, des idées de destinations, lieux, activités, répondant à leurs souhaits et à ce qu’ils ont déjà fait par le passé. Mais on a le temps de voir venir le sujet…

 

2- Le match-making/networking : un super potentiel pour les événements business. Des rencontres ciblées, timées et efficaces. Ici, il y a précisément de vraies opportunités à saisir à terme avec l’IA pour favoriser la rencontre entre des participants. Mais à l’heure d’aujourd’hui, aucun acteur n’a la surface suffisante pour offrir ce type de service.

 

3- L’interactivité : entre une salle et une scène, des publics et des speakers, ou des participants. On en revient déjà, car les applis voient leur taux de téléchargement en baisse sur les événements. Le sujet pose aussi le problème de la confidentialité des données, surtout à l’ère de la RGPD. Et les études montrent que les « jeunes » préfèrent des events déconnectés. Comme je l’écrivais dans l’article 5 raisons de se déplacer sur un événement « Il n’y a pas plus efficace dans une relation business qu’un démarrage par une rencontre franche suivie d’une bonne poignée de mains»

 

4- La résonance digitale : le partage avant, pendant et après l’événement sur les réseaux sociaux qui nous ont permis d’optimiser et augmenter notre audience comme l’impact de l’opération !

 

5- Le streaming : pour capter un public extérieur au lieu de l’événement. L’outil a le double intérêt de permettre l’accès à l’opération dans l’espace-temps sans déplacement mais rejoint aussi l’une des grosses problématiques du moment, celle de l’écologie en ce qu’il contribue à réduire l’empreinte carbone de certains événements.

 

6- L’animation/la dynamisation : les bots, les robots, le mapping vidéo, les drones, l’impression 3D ou encore les hologrammes… très à la mode dans les briefs !

 

Pas d’acteur généraliste en digital événementiel

 

La seule chose que l’on déplore aujourd’hui dans ces solutions, c’est qu’aucune n’intègre l’ensemble des services. Aucun acteur du marché n’est capable de tout faire. Ce serait trop simple ! C’est donc bien notre job de débusquer le ou les partenaires les mieux adaptés en fonction du besoin, de la demande client, des aspérités de l’entreprise et de ses publics. Un fin travail d’analyse et de construction d’un cahier des charges solide pour assurer un partenaire cohérent en face, capable de répondre aux besoins précis.

Comme quoi on aura toujours besoin d’humain pour gérer ces NT ! Et, au-delà du moyen, l’Humain demeurera une fin. Car malgré ces évolutions et que le secteur événementiel soit effectivement bousculé par cette révolution technologique, la place de l’Humain reste bien centrale.

 

L’événement est et restera le lieu de la déconnexion, puissant média du lien et de l’Humain.

 

Je vous invite à lire un de nos articles à ce sujet : 5 raisons de se déplacer sur un événement

 

Justine, Gens d’Evénement – Juillet 2019