Entre loi PACTE, fiscalité écologique, hausse de l’énergie et décisions politiques touchant le quotidien, les agences organisatrices d’événements vont pouvoir se poser des questions jusqu’à présent saugrenues :

 

L’angle éthique

 

Le produit et le service des entreprises pour lesquelles j’organise un événement sont-ils durables ?

 

Imaginez que nous prenions chaque entreprise dont nous organisons les événements et que nous nous posions la question de la « durabilité » de son offre ? Quelle place l’agence doit-elle prendre pour permettre à ses clients d’anticiper ? Est-ce notre rôle ? Oui, car la responsabilité d’une entreprise, agence ou non, est de prendre part aux questions sociétales et de conseiller ses parties prenantes sur les conséquences de leur choix.

 

Cette fois, c’est un changement qui dépasse le périmètre de l’entreprise

 

Dans l’agroalimentaire, ce sont les consommateurs qui poussent les entreprises à évoluer rapidement vers le bio, le « sans phytosanitaire » ou « sans OGM ».

Les salariés et futurs salariés influent également sur les choix des gouvernances : certains secteurs peinent à recruter, car la marque employeur est en difficulté face à une génération en quête de sens.

Enfin, arrivera le moment où des secteurs entiers vont trouver une fin de non-recevoir des consommateurs. Imaginons par exemple que l’impact carbone soit valorisé dans les prix…

Et l’événementiel ne sera pas épargné.

 

L’angle de l’offre

 

Quels conseils sur les modes d’organisation d’événements apporter au regard de ces transformations ?

 

Dans les offres de services des agences événementielles, est-il envisageable d’aborder les thématiques de la transition ? En tout cas, si on en croit l’évolution climatique, ce sujet vient ou viendra au premier plan. Nos clients sont-ils prêts à cela ? Pas sûr. Même si on assiste à des épiphénomènes positifs. Intégrer des critères environnementaux dans les événements est-il acceptable ? Nous en sommes encore loin, la majorité des annonceurs ne veut pas entendre parler d’indicateurs opposables : ou alors l’agence doit montrer patte blanche et être évaluée (ECO VADIS, ISO 20121, labels…), même si l’exemplarité de son client n’est elle-même pas évaluée. Le « Faites ce que je dis, pas ce que je fais » reste de mise…

 

L’angle du conseil

 

Comment nous, professionnels de l’événementiel, allons-nous accompagner nos clients dans ce contexte ?

 

Techniquement, gérer les impacts carbone (déchets, mobilité, alimentaire…), organiser la logistique, mettre en place une communication pédagogique, tout ceci est accessible, s’apprend vite et existe déjà. En revanche, l’accompagnement des dirigeants, des managers puis des salariés dans la transition devient une question moins évidente. D’autant que celle-ci remet en question les modes de pensée qui ont fait le socle de notre monde économique et politique actuel.

 

L’angle de la mobilité

 

Et si le paradigme de départ est de maîtriser puis de diminuer voire neutraliser l’impact carbone dans les 10 ans sur les événements des organisations (scénario P1 du GIEC). Inutile d’en rajouter sur l’ampleur du chantier. C’est bien le transport qui émet le plus de CO2 dans nos événements.

 

Dans la lente mue vers le zéro carbone, on doit y voir des paliers, une progression. Et c’est bien le démarrage qui est difficile. Car à partir du moment où les participants aux événements auront compris l’intérêt d’être trois par voiture, ou de réellement privilégier les transports en commun, ou de s’organiser pour faire un transport collectif, les baisses d’émissions seront déjà considérables. Cela ne signifie pas la fin de nos métiers, bien au contraire.

 

L’accompagnement des organisations face à la transition

 

C’est pour cette raison que les agences événementielles ont un rôle clef de sensibilisation avant, pendant et après les événements. Beaucoup d’entreprises ont déjà fait appel à des intervenants et consultants qui évoquent clairement les changements qui sont en cours. Le terrain est préparé. La nouvelle génération d’événements s’annonce ainsi prometteuse car l’événementiel est un outil qui doit aider les organisations à opérer leur transition économique et sociale en mobilisant l’ensemble des salariés.

 

L’angle de la conception « responsable »

 

Les concepteurs d’événements vont devoir tenir compte des modes de transport en particulier pour éviter, quand cela se justifie, de déplacer tout le monde au même endroit par exemple. Un événement national qui totaliserait 250 tonnes de CO2 dont 80 % sont liés aux transports des participants verrait ses émissions divisées de moitié en organisant une opération simultanée en 4 endroits différents.

 

Autre solution : compenser ses impacts CO2 sur ses événements. En même temps, il est toujours utile de nuancer avant d’aller vers des certitudes. Le bien-fondé d’un événement éloigné peut parfois se justifier car lui-même économise de nombreux autres déplacements en concentrant tous les rendez-vous au même endroit. Ou encore la compensation reste une option pragmatique.

 

Notre profession, ses talents et ses savoir-faire vont catalyser ses nouvelles donnes et permettre une approche plus humaine de la transition. Plus que la mutation digitale, la transition écologique et sociale n’a jamais eu autant besoin de rassembler, expliquer, partager : ça tombe bien, c’est notre cœur de métier !

 

Gilles, Gens d’Evénement – Octobre 2019

 

Pour aller plus loin je vous invite à lire cette série d’articles « éthique et événementiel » : #1, #2 et #3.